Traoré Awa

Moussa Bolly : « c’est avec ma plume que je me sens le plus utile à mon pays »

Mon invité de ce mois est Moussa Bolly, journaliste de formation sortant du Centre d’étude des Techniques de l’information (CESTI). Il est titulaire aussi d’un master en Management des Organisations sportives (MEMOS). Nous allons découvrir le parcours de ce doyen originaire de Kadiolo au Mali. Il nous laisse voyager dans son univers journalistique celui d’un homme de rigueur profondément humain et sportif qui a su garder les pieds sur terre dans ce métier qui mène à tout pourvu qu’on reste professionnel, nous conseille t-il.

Blog Reines d’Afrique : Moussa Bolly, tout en vous remerciant pour votre temps de disponibilité pour cet entretien, veuillez-vous présenter à nos lecteurs.

Je tiens d’abord te remercier jeune sœur non seulement de me donner la parole, mais aussi pour ton engagement avec ton « Blog Reines d’Afrique ». Sans complaisance aucune, tu fais un formidable travail.

Je m’appelle Moussa Bolly. Je suis journaliste de formation (25e Promotion CESTI/UCAD de Dakar, Sénégal). En plus du diplôme du CESTI, je suis aussi titulaire d’un master en Management des Organisations sportives (MEMOS) obtenu en France. J’ai aussi bénéficié de nombreux stages de formation dans de nombreux domaines, notamment en critique cinéma.

J’ai la cinquantaine. Je suis marié et père de 4 enfants biologiques ainsi que de nombreux enfants adoptifs. Je suis passionné de sports, de musique et de nature. J’aime aussi beaucoup lire…

Blog Reines d’Afrique : A quand remonte votre passion pour la presse ?  Qui étaient vos idoles ?

Ma passion du journalisme est liée à celle du football. C’était à l’époque de la radio et je ne ratais presque jamais la retransmission des matches sur la Radio-Mali, Radio-Côte d’Ivoire, Africa N°1… Et il m’arrivait de me cacher pour commenter des matches imaginaires amenant les gens à croire qu’il y avait un match à la radio. Mes idoles ont été les Demba Coulibaly, Jean-Louis Fara Touré, Boubacar Kanté, Ronny Mba Minko, Gassimou Sylla… J’aimais tellement lire que je ne pouvais pas passer à côté d’un journal même jeté sur un tas d’ordure… J’ai donc découvert la presse écrite avec les «Kouakou», «Calao» que j’achetais les jeudis, jour de la foire hebdomadaire de Kadiolo. J’ai produit mon premier article alors que j’étais en 10es Lettres au Lycée régional de Sikasso. Il était intitulé : Les filles-mères ! Un texte qu’un professeur de littérature a lu dans presque toutes les classes littéraires du lycée… Aujourd’hui, j’essaye de marcher sur la trace des Gaoussou Drabo, Alain Agboton (paix à son âme), Mamadou Koumé, Seydou Sissouma…

Blog Reines d’Afrique : Parlez-nous de vos débuts

Après le Bac (LLT) en 1991, j’ai été orienté à la section Administration publique (AP) de l’Ecole Nationale d’Administration  de Bamako (ENA). Mon rêve était de devenir diplomate ou journaliste. Malheureusement, l’ENA ne forme pas au journalisme. J’avais donc commencé à économiser sur ma bourse afin de pouvoir suivre des cours à distance à travers EDUCATEL. Mais, en 1994, il y a eu l’année Blanche après des années de perturbation à cause des grèves des élèves et étudiants. J’en ai profité pour tenter la chance au concours d’entrée au CESTI et, Dieu merci, j’ai été admis. Je me considère comme un privilégié parce que le journal «Les Echos» (hebdo puis quotidien) m’a donné la chance d’écrire dans le journal dès mon premier jour de stage.

Chaque année, pendant mes vacances, je faisais un mois de stage au «Les Echos» avant d’aller voir ma famille à Kadiolo. Et j’ai eu le privilège de tomber sur des gens formidables comme feu Aboubacar Salif Diarrah, Tiégoum Boubèye Maïga, Alexis Kalambry, Abdoul Majid Thiam, Sounkalo Togola… qui m’ont protégé et guidé. J’ai donc commencé à écrire dès ma première année au CESTI. En 3e année, feu Alain Agboton nous a proposé des stages au «Le Matin» de Dakar qui venait d’être lancé par l’imprimeur Baba Tandia… J’ai donc cumulé les études avec le stage dans ce journal.

J’ai eu aussi la chance de faire mon stage officiel de fin d’étude au quotidien national du Sénégal, «Le Soleil», précisément au desk-étranger dirigé à l’époque par Seydou Sissouma. Après ma soutenance et la cérémonie de baptême de la promotion, je suis rentré au Mali malgré de nombreuses propositions faites au Sénégal. Je me suis engagé avec Jamana. Officiellement, j’ai été recruté pour animer le magazine des jeunes «Grin-Grin», mais j’écrivais essentiellement pour «Les Echos». Au départ, je me suis spécialisé dans les enquêtes (dossiers thématiques) avec les encouragements du doyen Tiégoum Boubèye Maïga qui n’hésitait pas à mettre la main à la poche pour mes frais de déplacement.

Blog Reines d’Afrique: Quel focus faites-vous sur cette époque ?

A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de journaux. Et il y avait un vrai travail de formation dans les rédactions. J’ai beaucoup appris des Aboubacar Salif Diarrah, Tiégoum Boubèye Maïga, Alexis Kalambry, Abdoul Majid Thiam, Sounkalo Togola, Oussouf Diagola et même du directeur Général (Hamidou Konaté) qui participait souvent à nos conférences de rédaction. Le métier, à l’époque, était un vrai sacerdoce et il fallait réellement  se donner à fond pour  avoir la chance d’écrire dans un journal.

Et le travail était très fastidieux parce qu’il n’y avait pas d’ordinateurs portables, de téléphones et Internet était au stade de balbutiement au Mali. Il fallait écrire à la main avant qu’agent de saisie ne s’en occupe. J’ai donc connu la hantise de la feuille blanche, des articles qu’on reprenait chaque fois parce qu’on n’était pas satisfait de ce qu’on écrit.

Aujourd’hui, les NTCIs ont facilité tellement les choses que j’ai souvent du mal à prendre des notes sur un calepin ou écrire à la main sur une feuille blanche.

Blog Reines d’Afrique : Dans ce parcours, quels sont les médias qui vous ont marqué ?

Réponse : Difficile de répondre à cette question car j’ai travaillé et je travaille encore avec beaucoup d’organes et d’agences de presse qui ont chacun leur particularité. Chacun de ces médias m’ont marqué en leur manière. Et surtout qu’on n’a pas le même ressenti voire la même sensation au début de sa carrière qu’à une certaine maturité. J’ai pu jouir du respect et de la considération à tous les niveaux.

Blog Reines d’Afrique : Quelles étaient vos difficultés à l’époque en tant que journaliste?

Je ne peux pas mentionner de difficultés en tant que telles parce que, pour moi, il s’agissait plutôt d’épreuves à surmonter sur le parcours de formation. Au début, le manque de moyens de locomotion m’a beaucoup éprouvé. Je me déplaçais dans les «Duruni» et «Sotrama» (transport en commun). Et souvent, on pouvait faire de longs trajets entre un arrêt et le lieu de rendez-vous. Sans compter qu’on rédigeait à la main. Il fallait souvent tout reprendre quand on était pas satisfait… Et il faut imaginer si on devait rédiger deux à trois articles comme cela m’arrivait fréquemment.

Blog Reines d’Afrique : Vous êtes aussi un CESTIEN, quel souvenir gardez-vous de cette prestigieuse école de formation en journalisme basée au Sénégal ?

Une école prestigieuse qui a su s’adapter à l’évolution de la profession à tous les niveaux. Je suis fier d’avoir été formé au CESTI par des professeurs qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour faire de moi ce que je suis devenu aujourd’hui.

Blog Reines d’Afrique : Que représente pour vous le journalisme ?

Une passion ! Une arme pour aider mon pays, pour défendre des causes nobles comme la revalorisation de la culture malienne voire africaine ; la reconquête de l’identité africaine ; l’autonomisation de la femme ; la protection de l’environnement… J’ai travaillé au Ministère de la Jeunesse et des Sports de 2007 à 2014 comme Chargé de Mission-Communication. Et depuis, j’ai fréquemment des propositions pour occuper de nouvelles responsabilités. Mais, jusque-là, j’ai décliné toutes ses offres parce que je ne me sens mieux qu’avec ma plume. Et j’ai l’habitude de dire que c’est avec ma plume que je me sens le plus utile à mon pays.

Blog Reines d’Afrique : Qu’est ce qui a changé dans la pratique du journalisme de votre époque à maintenant ?

Réponse : Beaucoup de choses. La profession est en perte de vitesse au Mali parce qu’exercée de nos jours par n’importe qui. L’éthique et la déontologie sont sacrifiées au quotidien pour le profit, l’argent. Les jeunes ne se forment plus parce qu’ils viennent dans la presse pour les avantages financiers et matériels. Notre génération comme les précédentes ont épousé ce métier par passion. Aujourd’hui, on devient de plus en plus journaliste par intérêt.

Blog Reines d’Afrique : Quelles sont vos distinctions les plus marquantes ?

La meilleure des distinctions, c’est la reconnaissance et le respect de ses confrères, des lecteurs. Quand des gens respectables vous appellent pour saluer votre «courage» et votre «professionnalisme», je pense que cela vaut toutes les médailles. Cela dit, j’ai remporté de nombreux prix de «Meilleur journaliste», «Meilleur article»… et j’ai reçu de nombreux trophées et diplômes de reconnaissance du début de ma carrière à nos jours. Mais, franchement, je ne suis pas impressionné par la reconnaissance matérielle et financière. Et contrairement à ce que beaucoup pensent, j’ai rarement été à l’abri du besoin. La preuve est que je vis toujours à l’étroit en location. Le respect et l’estime constituent les meilleures récompenses auxquelles j’ai toujours aspiré.

Blog Reines d’Afrique : Comment voyez-vous le journalisme à l’heure des réseaux sociaux, des fake news et du journalisme mobile ?

Il s’agit d’un environnement concurrentiel très difficile pour les vrais professionnels. Avec ces nouvelles technologies, tout le monde s’improvise journaliste. On balance n’importe quoi sans aucun recoupement. Et comme les gens aiment le sensationnel, difficile de soutenir la concurrence si l’on veut rester un bon journaliste, c’est-à-dire à cheval sur l’éthique et la déontologie.

N’empêche que l’évolution technologique offre aussi aux professionnels des avantages indéniables, notamment en termes d’équipements professionnels, de gain de temps et d’argent, d’accès à l’information… Les réseaux sociaux permettent par exemple d’avoir des avis divers (divergents ou convergents) sur une question d’actualité, un résultat sportif, un événement culturel…

En termes d’équipements, il est presque révolu le temps des dictaphones. Et les techniciens ne sont plus condamnés à se «fouler» les épaules pour transporter à longueur de journées des lourds nagras ou des caméras pesant des kilos. Tout est miniaturisé.  Depuis le début de la pandémie du Covid-19, je fais fréquemment mes entretiens par téléphone, sur Messenger ou WhatsApp… Autant d’avantages (la liste est loin d’être exhaustive) qui ont un effet positif sur la qualité des productions, notamment au niveau de la radio et de la télévision.

Un conseil n’est précieux que si celui à qui il est donné y prête une oreille attentive. J’ai l’habitude de dire à mes jeunes stagiaires que la formation est la meilleure arme pour mieux profiter d’une profession. Si on veut être meilleur, il faut accepter de se former. Et pour un journaliste, cette formation ne prend jamais fin, surtout que la technologie et notre environnement socioéconomique évoluent à la vitesse de l’éclair. Les journalistes vivent et exercent dans des conditions financières très difficiles parce que, ici au Mali, les rédactions n’ont pas assez de moyens pour mieux les payer et leur assurer les meilleures conditions de travail. Ce qui fait que la tentation de déviation est forte. Difficile de ne pas se laisser manipuler. Mais, je dis aux jeunes que celui qui cherche à te manipuler n’a aucun respect pour toi.  Il cherche juste à se servir de toi. Et il n’aura jamais confiance en toi parce qu’il va toujours se dire : Si je parviens à le manipuler, ceux qui lui donneront plus que moi pourront aussi le retourner contre moi !

Blog Reines d’Afrique : Quels conseils donnez-vous aux jeunes journalistes ?

Comme l’a dit Justin Janin, «Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir» ! J’ajouterais : à condition d’être aussi un grand professionnel !


Portrait de la militante Habi Amadou Seck : « Mes parents nous ont éduqués à ne pas subir et à prendre le lead »

En perspective du 8 mars, journée mondiale des droits des femmes, le blog Reines d’Afrique fait un focus sur la jeune Habi Seck, cluster manager au programme de développement dans le milieu urbain, avec World vision international (Mauritanie), présente dans le monde humanitaire depuis ses 14 ans. Une période phare où son quotidien, en plus de ses études, a été marquée par des sensibilisations bénévoles sur la santé reproductive des jeunes. Habi Seck, l’amie des touts petits prendra part à la campagne de sensibilisation internationale de World Vision sur les méfaits des mariages des enfants en Mauritanie, le 8 mars prochain au stade olympique,et le 12 mars à Ryad. En attendant, nous vous proposons une brève plongée sur sa vision du leadership.

Habi Amadou Seck
Habi Amadou Seck

Née à Maghtar lahjar Habi S. a grandi dans les zones de Kiffa, Nema. Elle se définit comme « un pur produit de la Mauritanie », ayant fait tout son cursus scolaire sur place. Fille d’un administrateur civil, et d’une maman sage-femme, la vie de Habi, rythmait avec les nombreux déménagements suivant les affectations de son père. Elle a été très tôt bercée par le bilinguisme, ce qui a positivement « impacté son cursus scolaire » lui permettant de s’exprimer dans toutes les langues du pays. Un vécu qui l’inspirera à suivre plus tard une formation en administration territoriale, entre autres.

Cheffe de projets protection à Save the Children Espagne Mauritanie de 2017 à 2019, elle est depuis avril 2021 cluster manager au programme de développement dans le milieu urbain avec World Vision Mauritanie, une organisation où elle a évolué à différents niveaux.

Née dans une famille où les filles sont majoritaires, les parents ont mis le paquet pour qu’elles réussissent en leur montrant, selon le témoignage de Habi « qu’il n’y’a pas de différence entre l’homme et la femme : « Notre mère nous a fait comprendre dès le bas âge, qu’il n’y’ « a pas de privilèges que l’on soit homme ou femmes, nous avons les mêmes capacités, il suffit juste de vouloir mettre le paquet pour réussir« . Un esprit de gagnant qui lui permettra d’être major de classe au lycée et l’université.

L’autonomisation de la femme, son cheval de bataille

 « Je ne parle pas avec une femme, tu es trop jeune pour occuper de telles postes » voilà les stéréotypes dont la native de Maghama a dû faire face pour grimper les échelons de la vie professionnelle. Malgré ces préjugés, elle est persuadée que la femme est la personne la plus « susceptible quand elle a un revenu , de le réinvestir dans le développement  pour les besoins de la famille, des populations, et de générations futures ».

Celle qui a trouvé sa source d’inspiration dans l’engagement de sa maman et de grand-mère est convaincue que la réussite est possible que l’on soit homme ou femme, il suffit de « mettre le paquet, être responsable, déterminé avoir son caractère et faire le nécessaire pour atteindre tes objectifs ». Comme son père, elle entend marquée les esprits des populations bénéficiaires de ses actions, par le travail constructif et impactant. Elle doit aussi sa percée professionnelle, à l’appui, la facilitation et l’accompagnement constant de son mari, « un mari qui veut que je sois tout temps à la tête de la liste » , un grand soutien qui l’a poussé à aller faire des formations internationales, pour améliorer ses compétences. Habi Seck de par ses actions, veut « être un exemple pour les jeunes de la société », un acteur du changement en Mauritanie.


« Ils sont tombés sous mes yeux, c’était vraiment un choc » : Ebirim Rose, une rescapée de l’attaque de Grand-Bassam se souvient

Lors d’une visite récente à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, j’ai rencontré, Ebirim Rose, la directrice du centre « Jah live art et culture ». Elle est l’une des survivantes de l’attaque terroriste du 13 mars 2016. Cette actrice du tourisme à Grand-Bassam, le poumon de l’artisanat ivoirien, revient à travers ce témoignage bouleversant sur cette matinée où elle a vu sa vie défilée sous ses yeux lors de cette attaque première du genre en Côte d’ivoire.

D’allure forte, Ebirim.R. Elechi, a parfois des larmes aux yeux quand elle se rappelle les scènes de tuerie dont elle a été témoin. Ceux qui ont commis cet acte, habitaient juste en face de son espace, où elle a vu les premières victimes se faire tuer sous ses yeux. Elle a dû ramper avec ses employés dans les allées de son centre pour avoir la vie sauve.

Elle a pu surmonter, le choc de ce fait grâce à l’assistance de son mari et les efforts du maire de sa localité qui mène des actions de sécurisation de la zone, les souvenirs demeurent à l’approche de chaque 13 mars, jour fatidique de cette attaque où 16 personnes ont été tuées. Cette attaque djihadiste a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) survenue à la station balnéaire de Grand-Bassam. Témoignage :

Blog Reines d’Afrique : Que faisiez -vous précisément au moment de l’attaque ce jour-là ?

On était là en train tranquillement de prendre un pot, et on a vu des gens courir. Ceux qui ont fait cet acte, logeaient juste à côté en face de chez moi, ils étaient là depuis janvier, on ne pas savait que c’était eux, on marchait avec eux, causait avec eux, sans savoir que c’était des djihadistes. C ‘était un dimanche à partir de midi, je vois un jeune passer, mettre son gilet et tirer quelques instants plu tard sur un homme au téléphone tenant le sac de sa compagne, qui recevra elle aussi une balle. Ils sont tombés sous mes yeux, c’était vraiment un choc.

Blog Reines d’Afrique : Est-ce que sur le coup vous avez senti que c’était un attentat, ?

Non, je n’ai pas automatiquement pensé à eux, j’ai pensé que c’était les microbes, car une semaine avant, les autorités éloignaient ces microbes de Grand-Bassam. Le djihadiste qui a tiré a dit « Allah Akbar » avant de continuer à tirer. Je vois la scène défilée encore .

Blog Reines d’Afrique : Quel souvenir gardez-vous de ces attaques ?

Ce fut un choc, jusqu’à maintenant, des images me reviennent, quand le 13 mars arrive, j’ai peur. Je voyais des images défiler comme si c’était hier. C’était difficile à remonter, mais avec le temps, avec l’assistance de mon mari, qui me disait que c’était fini, il me coachait, c’est un bon coacher, il me calme quand le choc revenait. J’ai surmonté grâce à toutes ces forces. Il me réconforte en disant que les autorités veillent sur notre sécurité maintenant.

Blog Reines d’Afrique : Est-ce que selon vous le dispositif sécuritaire a changé par rapport à avant ?

Oui, il y a eu changement, tous les dimanches, un jour où on reçoit beaucoup de clientèle, nous avons l’assistante de la marine et de la police dont des éléments viennent d’Abidjan.

Blog Reines d’Afrique : Est-ce que vous pensiez avant que Grand-Bassam pouvait être victime d’attaque ?

Non, je n’ai jamais pensé qu’un tel fait pouvait se produire ici.

Comment avez-vous fait pour surmonter ce fait ?

On se sensibilise, et on va vers les autres, pour les sensibiliser. Nous leur disons que Grand-Bassam est sécurisé, les touristes reviennent. On se relève, même si les souvenirs font surface à l’approche du 13 mars, date de cette attaque terroriste à grand Bassam.


Côte d’Ivoire : CAN 2023, avis des citoyens sur les enjeux sécuritaires

La 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football sera organisée en juin 2023, en Côte d’Ivoire. Une CAN qui sera certainement sous haute sécurité à cause de la recrudescence des attaques terroristes en Afrique de l’Ouest. Pour sa part, la Côte d’Ivoire, reste marquée par les séquelles des attaques de la cité bannières de Grands Bassam survenues en 2016. 

A travers des micros-trottoirs réalisés dans les rues d’Abidjan, ce lundi 21 février 2022, des citoyens ont livré leur impression sur les enjeux sécuritaires de cette messe du football à l’échelle continentale. A l’unisson, les interviewés ont manifesté leur joie par le fait que la Côte d’Ivoire, leur pays, accueille la 34ème édition de la CAN. 

S’agissant de l’aspect sécuritaire, les citoyens sont tranquilles vis-à-vis de la stratégie mise en place par les autorités ivoiriennes. Interrogé, Elvis, fonctionnaire de son état se dit très confiant de l’organisation sécuritaire de cette compétition en vue. « On pense que tout est mis en place, il n’y a pas de crainte. Même y a des événements dans la sous-région, je pense que tout est pris en compte pour le bon déroulement », soutient-t-il.

Kadri, chauffeur dans la ville d’Abidjan est de cet avis. Pour lui, même s’il y a des évènements qui inquiètent dans la sous-région ouest africaine, le peuple ivoirien est calme et serein quant au bon déroulement de la CAN. « Nous ne craignons rien, nous faisons confiance aux autorités. Tout va se dérouler dans la bonne condition », a-t-il témoigné.

Nonobstant, une jeune dame interrogée s’est dit très touchée par l’insécurité dont la ville de Grand Bassam a été victime. Elle espère que la CAN va se dérouler sans incident pour les amoureux du ballon rond et la Côte d’Ivoire en particulier.

Pour rappel, la phase finale de cette édition aura lieu dans cinq villes dont : Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, et San-Pedro.

Awa Seydou Traoré

Mbodou Hassane Moussa


Visite au média confessionnel « Albayane » d’Abidjan

Lancé en 2001, le groupe Albayane du haut de ses 20 ans d’existence est depuis 2013, à travers sa branche radio, le média le plus écouté de la Côte d’Ivoire, selon ses dirigeants.

Ce 22 février à Cocody, une commune du département d’Abidjan, des journalistes de différents pays notamment de la Mauritanie, du Mali, du Tchad, du Niger, du Burkina Faso, de l’Algie et du Maroc, se sont rendus dans les locaux de ce média. Une visite qui s’inscrit dans le cadre du projet de Equal Acces International (EAI) et de l’Ambassade des Etats Unis en Algérie axée sur la couverture médiatique de la problématique de l’extrémisme violent par les journalistes .

Le groupe Albayane un média confessionnel qui compte actuellement plus de 100 employés. Il s’est donné pour mission de contribuer à la promotion « des valeurs de paix de fraternité de l’islam en brisant les murs de la méfiance » nous a confié le directeur général Imam Cissé Djiguiba de Albayane. D’après cette source, « l’ignorance est la base de tous nos problèmes », d’où l’importance de la diffusion de connaissance sur l’islam pour mieux éclairer l’opinion afin de contribuer à l’éveil citoyen et la lutte contre l’extrémisme violent.

Les forces de Albayane

Ce groupe dont la radio couvre 95 % du territoire national, diffuse 60 % d’émission de théologie islamique pour participer l’éducation religieuse, la cohésion sociale, et le dialogue confessionnel au nom du vivre ensemble. Il tire « sa force sociale des dons » des fidèles de sa communauté(qui représente 42 % de la population) notamment à travers la fondation Albanaye qui compte 1 000 mosquées réparties dans le territoire national.

Cette structure médiatique islamique puise aussi une de ses forces en s’alliant aux enjeux de la modernisation du métier. Ainsi, ce groupe vibre désormais à l’allure de la technologie IP. La professionnalisation du personnel est une question prioritaire a estimé le directeur qui a pour ambition de faire de son institution un cas d’école en Afrique. Il est convaincu que « le savoir nourrit l’homme en le protégeant contre l’ignorance » et pense que l’ignorance est l’une des causes de l’extrémisme violent dont l’Afrique fait face ces dernières années. Le groupe Albayane, malgré les difficultés de départ, a procédé à des collaborations avec RFI, la voix de l’Amérique et la BBC. Elle a accueilli des rencontres de partage d’expérience de médias des pays de la sous-région africaine pour s’inspirer de sa force d’innovation en matière de diffusion de messages islamique à travers l’enseignement religieux pour contrer l’extrémisme violent.

Un traitement « sensible » de la thématique de l’extrémisme violent

Le traitement de l’extrémisme violent est fait avec une rigueur déontologique au sein de cet organisme qui communique à travers 26 langues. « On regarde le contexte culturel et religieux de nos différents pays, nous faisons attentions à tous ces éléments pour ne pas heurter la sensibilité des uns et des autres, c’est un sujet sur lequel nous sommes très prudents », souligne le directeur de programme du groupe Elbayane Goita Macalou.

Le professionnalisme et le poids de la responsabilité dans l’exercice de cette profession sont des raisons qui expliquent la popularité de ce média qui « donne la parole aux personnes qu’il faut, sur des sujets qu’il faut » a réagi Kanate Kassoum journaliste en charge de question digitale au sein de ce groupe depuis cinq ans.

Le média Albayane qui ambitionne de devenir un cas d’école en Afrique, entends désormais varier ses sources de financement pour ne plus dépendre uniquement des fonds des fidèles. Une étude pour explorer cette piste est en cours dans ce sens, a signalé aux journalistes l’imam Cissé Djiguiba, qui a présidé cette visite.