Traoré Awa

Mauritanie : carte de séjour pour les étrangers

Depuis 2012, tous les étrangers vivant sur le sol mauritanien sont munis d’une carte de résident. Le montant de cette carte exigée pour tous est les ressortissants fixé à environ 75 euros.

noorinfo

Une nouvelle dont l’annonce  a été un coup de tonnerre pour de nombreux migrants raflés,  refoulés parfois de manière draconienne durant la période où cette loi est entrée en vigueur notamment.

Pendant un moment il y avait un seul centre d’enregistrement à Nouakchott. Une situation qui obligeait les ressortissants des différents coins du pays de faire le voyage pour la capitale, un trajet coûteux pour nombreux d’entre eux vivant surtout de  petits métiers. Un parcours du combattant durant lequel ces derniers étaient soumis à plusieurs difficultés.

En effet, l’instauration de cette mesure dont l’application a défrayé la chronique surtout à ses débuts tant les formalités étaient jugées lourdes, son octroi clientéliste (corruption des agents), manque de bureau, favoritisme, lenteur dans les procédures (pour s’enregistrer des gens passaient la nuit devant le centre d’enregistrement), rafles, refoulements et traitement parfois dégradant de migrants pour qui la Mauritanie est devenue «une deuxième patrie».

Aminata

Une restauratrice comme Aminata vivait la peur dans le ventre prenant le soin de fermer boutique par crainte de rafles et refoulements : « J’avais peur d’être débarquée car je n’ai pas pris ma carte, nos charges sont nombreuses, le montant de la carte élevée vraiment ». C’est ainsi que son chiffre d’affaires a baissé. Son restaurant qui porte son nom n’était plus fréquenté, car elle ouvrait en fonction de la faiblesse des rafles. Son mari travaillant dans la poissonnerie a pris sa carte dès l’entrée en vigueur de cette « décision souveraine » qui vise entre autres le contrôle du flux migratoire de la Mauritanie.

Face à ces traitements qui dégradaient parfois l’image de marque du pays hôte comme l’ont souvent condamné des organisations de défense de droits de l’homme, la Mauritanie a légèrement revu la forme de sa politique mettant fin au rafles et refoulements spectaculaires.

Depuis lors bien d’eau a coulé. Les autorités annoncent par la suite la gratuité de la mesure, une annonce accueillie par une grande pompe par la majorité des migrants jugeant le montant élevé par rapport à leur revenu. Ce fut la prise d’assaut des centres. Les ressortissants notamment des Ouest-Africains se sont fait enregistrer, en recevant un reçu en retour. Mais grande fut leur déception en apprenant à nouveau quelques temps après que la carte est payante. Il fallait se munir de son reçu payer la bagatelle de 30 000 UM en un mot « être en règle » en Mauritanie qui est un pays de « transit » pour de nombreux migrants.

migrants

(Migrant au tour d’un grin- causerie thé)

Un revirement dont de nombreux ressortissants n’ont pas compris l’enjeu et l’aboutissement. Alors que certains misent sur la réciprocité, le respect de la décision ou le non-paiement d’autres privilégient le retour au pays.

Si tous sont unanimes pour dire que les rafles et les refoulements ne sont plus pratiqués comme avant, de nombreux ressortissants surtout ouest-africains s’accordent à dire que le montant exigé est « élevé ». Les ambassades malienne, ivoirienne et sénégalaise dont j’ai rencontré les responsables ont opté pour une coordination afin d’alléger les souffrances de leurs ressortissants par rapport à ce dossier.

Ambassade Mali

(Représentant Ambassade Mali)

Le Mali rappelle  «la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays »  comme le stipule une convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et la Mauritanie datant du 25 juillet 1963. Le consul ivoirien va bientôt signer avec la Mauritanie trois conventions dont une relative à la libre circulation. L’ambassadeur sénégalais quant à lui préconise la réduction du montant exigé ou l’augmentation de la durée des cartes de séjour.

Des vœux dont la réalisation est vivement attendue par de nombreux migrants pour qui la Mauritanie est « une seconde patrie ».

Awa Seydou Traoré

 

 

 

 

 

 

 

 


Nouakchott : Kadji Toure dite Yaye 6ans violée et assassinée

Ces jours –ci je ne vous annonce pas de  bonnes nouvelle car l’actualité n’en offre pas forcement ici même si  les tapages politiques se poursuivent dans l’allure dans prochaines élections  législatives & municipales prévues novembre prochain.

En attendant l’insécurité bat son plein dans la capitale économique de la Mauritanie où sévissent viol et meurtre de filles et femmes notamment . Une situation inquiétante pour beaucoup de populations.

kadi tuée

Ce 27 octobre, une fillette âgée de 6ans portée disparue à 10heures du matin a été retrouvée morte au bord de la plage de Nouakchott vers 17h (de la même journée). Une nouvelle tragique qui fait la Une des journaux et domine l’actualité des réseaux sociaux particulièrement facebook où la condamnation de cet acte ignoble se multiplie depuis la publication de la nouvelle.

L’autopsie effectuée par un médecin de l’hôpital national révèle  le viol puis l’assassinat de Kadji qui devait reprendre le chemin de l’école ce 28 octobre.

Kadji Toure dite Yaye si rayonnante sur cette photo a été enterrée quelques heures après la découverte macabre de son corps sur la plage de Nouakchott. Les mauritaniens comptent se mobiliser pour dénoncer de tels drames et réclamer plus de sécurité pour les populations.

Awa Seydou Tra

 

 

 


La peur de prendre un taxi souvent

Depuis la mort tragique de la mauritanienne Penda Soghé Gakou mars 2013,  je vous avoue que je fais désormais une fixation sur la sécurité dans les taxis : disons que je fais désormais plus attention de là où je mets les pieds.

TAXI

En effet en Mauritanie toutes les âmes sensibles ont été bouleversées par le viol et le meurtre collectif de cette jeune mère de 20ans, mariée & et mère d’1 garçons qui a malheureusement atterri ironie du destin sans doute dans un taxi dont les conducteurs cherchaient une autre proie ce soir là. Un soir que je ne vais jamais oublié tant l’acte perpétré est ignoble et impardonnable.

Elle s’appelait Penda, elle avait 20 ans, mariée et mère d’un enfant de près de 3 ans. Elle a été violée puis tuée alors qu’elle retournait chez au 6e. Cette jeune femme a pris pourtant un taxi devant sa grande sœur, elle ne rejoindra pas sa destination dans la nuit du 28 au vendredi 29 mars. Malheureusement, c’était dans la soirée où le célèbre humoriste Mamane donnait un spectacle inédit à Nouakchott intitulé « Bienvenue au Gondwana » à l’IFM où je m’étais rendu d’ailleurs. C’est plus tard que la nouvelle de la disparition fut annoncée avant que son corps ne soit retrouvé le lendemain après d’instance recherche. Une nouvelle qui déchaine toutes les sensibilités.

penda soghé

Une violence sans égale, un drame inqualifiable, la jeune Penda a été : « retrouvée assassinée, violée, les yeux arrachés, le coup cassé, un couteau enfoncée dans la tête jusqu’à sortir par la nuque » un fait inqualifiable qui heurte la sensibilité humaine.

Pour dénoncer ce crime odieux, et la violence sous toute ses formes en Mauritanie, un sit in a été prévu pour le 3 avril devant l’Assemblée nationale afin de « demander à la justice de condamner ces criminels à perpétuité. La démarche vise à « demander Justice et surtout demander aux députés de prendre leur responsabilité, celle de défendre le peuple et les citoyens qui les ont élus. Mais également un appel pour que ces criminels soient jugés sévèrement. Nous demanderons également au Président de la République de prendre sa responsabilité, celle d’un gardien du peuple et sa constitution » précise le communiqué annonçant cette marche de dénonciation pacifique en hommage à Penda Soghé. Ce sit in jugé « pacifique et responsable » avait pour slogan « Non à la violence ».

Témoignages contre l’insécurité

Pour dénoncer l’insécurité croissante à Nouakchott, comme prévu ce 3 avril, des milliers de mauritaniens se sont rendus devant l’assemblée nationale pour dénoncer le crime abominable dont a été la défunte Penda Soghé, 20 ans dans la nuit du 28 mars dernier.  Pour ce sit in  pacifique qui avait pour slogan « Non à la violence », les mots d’ordre étaient : la justice équitable, la sécurité pour tous, la sécurisation des transports publics, la fin de l’impunité et la pendaison des  auteurs de ce viol et crime.

penda soghé2

Un sit in dont ont pris part les membres de la famille de la victime émus, mais déterminés à réclamer justice afin que les citoyens puissent circuler en toute sécurité dans leurs pays qui devient « une ville fantôme à cause de la recrudescence de la violence sous toutes ces formes »dénonce dans la foulée la militante Aminetou Mint El Moktar, présidente de l’AFCF(Association Chef de Famille). Cette dernière se disant révoltée par de tels agissements recommande à l’Etat « d’agir afin de mettre en place une meilleure sécuritaire et de procéder au contrôle des transports publics ».

A quelques minutes du départ convoi, vers le Ministère de l’intérieur Me Fatimata Mbaye de l’AMHD nous a confié « être sous le choc à cause de ce crime barbare qu’aune société ne peut accepter » d’où la nécessité selon elle de protéger les groupes vulnérables notamment les femmes et les enfants. Ce drame doit dit-elle inciter tous les mauritaniens à se « mobiliser » afin de demander une fois de plus à l’Etat d’adopter la loi sanctionnant toutes les violences afin de ne pas « cautionner ces faits ». D’où « ce signal d’alarme » pour que soient prises des mesures administratives pour la sécurisation des transports, l’organisation, l’identification  et la numérotation du parc automobile mauritanien. Telles sont les pistes qui peuvent permettre selon Me Mbaye de mettre fin à « ces actes de terrorisme et de vandalisme ».

Parmi les manifestants, on remarquait aussi Dr Mbareken , Vice président de l’Ordre National des Médecins et Pharmaciens  qui est venu dire « non à la délinquance, non à l’insécurité absolue » expliquant avoir chaque jour l’écho de cas d’agression.

Zeinabou Mint Taleb Moussa, présidente de l’AMSME (L’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant) une des organisations initiatrice de la marche contre la violence faite aux femmes en 2012, très émue se dit favorable pour la 1er fois à « l’application de la peine de mort sur ces assassins » estimant que les femmes ne sont plus en sécurité dans notre pays malgré les multiples appels contre les violences sous toutes ces formes.

La longue attente des parents de la victime

Plus de sept mois après les faits, j’éprouve toujours un sentiment de peur et de révolte quand je prends un taxi surtout la nuit. Chaque fois que cela m’arrive, je prie pour Penda partie dans la fleur de l’âge pour le voyage non retour. Des mois que, les parents de la victime sont l’attente d’un procès exemplaire même si la procédure parait « lente ». La demande de liberté provisoire des meurtriés a été rejetée. Une nouvelle accueillie favorablement par la famille de la défunte qui réclame des sanctions exemplaires afin d’éviter que la RIM ne devienne un jour l’Inde en matière d’insécurité contre les femmes.

 

Awa Seydou Tra

 


Tabaski : une famille brulée par l’explosion d’une bouteille de gaz

Ce 16 Octobre, fête de Tabaski dans plusieurs musulmans comme la Mauritanie, restera pour la famille Gueye une journée inoubliable. Cette famille qui vit au 5e, un des quartiers de Nouakchott a été victime de l’explosion d’une bouteille de gaz, selon notre confrère Khally Diallo  a rapporté les faits dont les images des victimes témoignent de la gravité de ce qui s ‘est produit alors en plein Tabaski .

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Récit :

La mère de famille Binta Gueye a acheté un gaz qu’elle s’apprêtait à recharger. Mais à sa grande surprise la bouteille a eu une fuite, ainsi la chambre s’est enflammée.

Sous le coup de l’émotion, Binta jeta la bouteille et se fait bruler malheureusement à « un degré avancé » précise Khally Diallo qui sonna l’alerte afin que soutien soit apporté dans de meilleurs délais à cette famille dont la fête venait gâtée tristement.

Voyant sa mère « enflammée » la fillette Faty revenant de la boutique « s’est jetée sur elle pour la sauver » un geste hautement symbolique.

C’est dans cet élan d’émotion pourtant que « Malheureusement, la fillette prit feu à son tour ainsi que deux autres membres de la famille qui se trouvaient dans la maison ».

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C’est par la suite que les voisins entendant des cris sont revus à la rescousse de la famille Gueye. Des membres de cette famille touchés par ce drame ont été amenés à l’hôpital où ils suivent toujours des soins en attendant leur éventuelle évacuation tant souhaitée.

Pour plus d’élan solidarité

 Now place à la chaine de solidarité à afin de secourir ces personnes hospitalisées à la suite de l’explosion d’une bouteille de gaz Tabaski dernier.

Awa Seydou Tra


Mauritanie : la marche des femmes pour plus de réprésentativité dans les sphères de décision

Ce matin , je vous parle du combat que les Mauritaniennes ont engagé depuis 2006 afin qu’elles soient davantage représentées dans les sphères de décision dans un pays où elles constituent la majorité de la population.

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Ce pays surnommé le pays des « mille poètes »  s’apprête à organiser des élections municipales et législatives en novembre prochain. Une compétition électorale où les femmes entendent être largement représentées, elles qui représentent plus de 50 % de la population . Elles entendent jouer leur part de responsabilité dans la gestion de ce pays où une femme n’a jamais été encore ministre. En attendant, elles demandent plus de représentativité  dans les sphères notamment politiques.

En effet des représentantes de groupes de femmes se sont dites « choquées et déçues du peu de candidatures féminines en vue des prochaines élections municipales », l’annonce a été faite lors d’une conférence de presse le 9 octobre dernier à l’hôtel Mauricenter.

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Une action menée par le regroupement d’initiatives de plaidoyer pour la promotion de la participation politique des femmes qui « lance un appel solennel aux décideurs, aux partis politiques mauritaniens et à l’opinion publique » pour une meilleure représentativité des femmes lors des prochaines échéances.

Le regroupement malgré sa mobilisation, a fait « état d’un maigre 4 % de candidatures féminines pour les fonctions de maires ». Ces femmes qui disent ne pas vouloir baisser les bras incitent « les partis politiques à accorder plus de place aux candidatures féminines aux législatives ».

L’initiative de plaidoyer qui travaille avec le NDI plaide pour une révision de la loi actuelle (2012-034 du 12 avril 2012) relative aux quotas des femmes durant la présente session extraordinaire de l’Assemblée nationale en tenant compte du mécanisme proposé dans l’avant-projet de loi que ses représentantes ont soumis au président de la République et à la ministre des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille et que les partis politiques appuient et mettent en œuvre les dispositions suggérées par le regroupement dans l’avant-projet de loi qui leur a été transmis.

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Les Mauritaniennes présentent au sein de ce regroupement souhaitent l’atteinte de l’objectif 3 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ratifiés par leur pays.  Cet objectif fixe la représentation des femmes dans les fonctions électives administratives, dans les fonctions et mandats électoraux à au moins 33 %, d’ici 2015.

A près d’un mois des échéances tant « sollicitées » les Mauritaniennes entendent intensifier leur campagne de communication pour atteindre un meilleur niveau de représentativité dans un pays où « les pesanteurs sociales» ont encore tout leur pouvoir.

Awa Seydou Tra