Ma dispute dans un taxi
J’ai vécu une scène presque drôle ce 20 juillet alors que j’allais au quartier Dar naim (une des communes de Nouakchott) suite à l’invitation d’une amie. De mon QG Basra, j’ai voulu me rendre à « arrêt bus » pour aller à ce rendez-vous tant repoussé en ce mois de jeûne. Bref passons sur ça, on est à quelques jours de la fin du ramadan; mois sacré où le partage est « une valeur commune ».
Je reviens donc à mes moutons !!!
J’ai réservé la place de devant à 400 um (1 euro) pour prendre le temps de contempler le paysage tout au long du trajet. Trajet, sur lequel, les taxis « tout droit » font la pluie et le beau temps. Le taximan a contourné le fameux « arrêt bus » pour aller au marché 6e pour encore des clients comme ce qu’il fait chaque soir d’après ses propos. Il palabra avec deux dames qui se rendaient au PK, l’une descendait sur le goudron comme on dit par ici (à 100 um) l’autre virait (à 200 um).
Après quelques minutes de route, notre taximan prit deux hommes : il y avait parité, vraiment !!! . Mais c’est cette dernière prise qui a amené des discussions dans le taxi. Une des go s’est plainte du fait que je sois devant alors que le commandant de bord lui avait expliqué que j’avais mis le prix double pour ça. Dans la langue peulh ou poular qu’elle manie comme un commandant, elle réplique qu’en tant que femme, je devais les rejoindre pour faire : femmes derrière, hommes devant.
Plus j’arrivais à déchiffrer son speaking, plus elle me tapait sur les nerfs. Elle se croyait tout permis. Elle avait peut-être le droit de vie ou de mort sur son homme, mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que moi Awa, je suis femme comme elle. Et pour une Malienne, c’est inimaginable de se faire insulter sans réagir, ce n’est pas possible, même en tant de crise. Chez nous pas de repli stratégique; on corrige notre adversaire, on se défend du mieux qu’on peut comme on le dit en bambara.
Énervée par son insistance, j’ai dit à la go palabreuse là :
– Si tu ne veux pas t’asseoir à côté d’un homme, tu descends, cette place je l’ai payée non pas à 200um mais à 400um, je ne bougerai pas, fais ce que tu veux, je m’en fous !!
Son ton montait, elle parlait rek tantôt en wolof, poular et même hassaniya afin que les autres passagers lui donnent raison. Elle me reprochait de parler français; « le français de Senghor ». Je lui ai dit que c’était le français de Awa et que je ne bougerai pas un point !
Plus je répondais ainsi, plus la tension montait chez mon interlocutrice. Une attitude qui m’agaçait et me faisait rire en même temps, car je ne voyais pas l’utilité de cette dispute
Elle ne voulait pas s’asseoir à côté d’un homme dans le taxi, c’est son droit le plus absolu. Au lieu d’en faire une affaire d’Etat, elle aurait pu descendre et prendre un autre transport réservé aux femmes uniquement.
Le chauffeur diplomate a expliqué à mon interlocutrice qu’elle avait tort et qu’il convenait de cesser la dispute .
Mon interlocutrice avait la tête à peine couverte et s’est pourtant autorisée à me donner des leçons de morale avec arrogance. A mon avis, c’est la foi qui importe. A son arrivée, elle demanda pardon au chauffeur comme si elle avait le droit d’embêter le monde et après de gommer cet acte avec un pardon.
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