Mauritanie : carte de séjour pour les étrangers

7 novembre 2013

Mauritanie : carte de séjour pour les étrangers

Depuis 2012, tous les étrangers vivant sur le sol mauritanien sont munis d’une carte de résident. Le montant de cette carte exigée pour tous est les ressortissants fixé à environ 75 euros.

noorinfo

Une nouvelle dont l’annonce  a été un coup de tonnerre pour de nombreux migrants raflés,  refoulés parfois de manière draconienne durant la période où cette loi est entrée en vigueur notamment.

Pendant un moment il y avait un seul centre d’enregistrement à Nouakchott. Une situation qui obligeait les ressortissants des différents coins du pays de faire le voyage pour la capitale, un trajet coûteux pour nombreux d’entre eux vivant surtout de  petits métiers. Un parcours du combattant durant lequel ces derniers étaient soumis à plusieurs difficultés.

En effet, l’instauration de cette mesure dont l’application a défrayé la chronique surtout à ses débuts tant les formalités étaient jugées lourdes, son octroi clientéliste (corruption des agents), manque de bureau, favoritisme, lenteur dans les procédures (pour s’enregistrer des gens passaient la nuit devant le centre d’enregistrement), rafles, refoulements et traitement parfois dégradant de migrants pour qui la Mauritanie est devenue «une deuxième patrie».

Aminata

Une restauratrice comme Aminata vivait la peur dans le ventre prenant le soin de fermer boutique par crainte de rafles et refoulements : « J’avais peur d’être débarquée car je n’ai pas pris ma carte, nos charges sont nombreuses, le montant de la carte élevée vraiment ». C’est ainsi que son chiffre d’affaires a baissé. Son restaurant qui porte son nom n’était plus fréquenté, car elle ouvrait en fonction de la faiblesse des rafles. Son mari travaillant dans la poissonnerie a pris sa carte dès l’entrée en vigueur de cette « décision souveraine » qui vise entre autres le contrôle du flux migratoire de la Mauritanie.

Face à ces traitements qui dégradaient parfois l’image de marque du pays hôte comme l’ont souvent condamné des organisations de défense de droits de l’homme, la Mauritanie a légèrement revu la forme de sa politique mettant fin au rafles et refoulements spectaculaires.

Depuis lors bien d’eau a coulé. Les autorités annoncent par la suite la gratuité de la mesure, une annonce accueillie par une grande pompe par la majorité des migrants jugeant le montant élevé par rapport à leur revenu. Ce fut la prise d’assaut des centres. Les ressortissants notamment des Ouest-Africains se sont fait enregistrer, en recevant un reçu en retour. Mais grande fut leur déception en apprenant à nouveau quelques temps après que la carte est payante. Il fallait se munir de son reçu payer la bagatelle de 30 000 UM en un mot « être en règle » en Mauritanie qui est un pays de « transit » pour de nombreux migrants.

migrants

(Migrant au tour d’un grin- causerie thé)

Un revirement dont de nombreux ressortissants n’ont pas compris l’enjeu et l’aboutissement. Alors que certains misent sur la réciprocité, le respect de la décision ou le non-paiement d’autres privilégient le retour au pays.

Si tous sont unanimes pour dire que les rafles et les refoulements ne sont plus pratiqués comme avant, de nombreux ressortissants surtout ouest-africains s’accordent à dire que le montant exigé est « élevé ». Les ambassades malienne, ivoirienne et sénégalaise dont j’ai rencontré les responsables ont opté pour une coordination afin d’alléger les souffrances de leurs ressortissants par rapport à ce dossier.

Ambassade Mali

(Représentant Ambassade Mali)

Le Mali rappelle  «la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays »  comme le stipule une convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et la Mauritanie datant du 25 juillet 1963. Le consul ivoirien va bientôt signer avec la Mauritanie trois conventions dont une relative à la libre circulation. L’ambassadeur sénégalais quant à lui préconise la réduction du montant exigé ou l’augmentation de la durée des cartes de séjour.

Des vœux dont la réalisation est vivement attendue par de nombreux migrants pour qui la Mauritanie est « une seconde patrie ».

Awa Seydou Traoré

 

 

 

 

 

 

 

 

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