La peur de prendre un taxi souvent

27 octobre 2013

La peur de prendre un taxi souvent

Depuis la mort tragique de la mauritanienne Penda Soghé Gakou mars 2013,  je vous avoue que je fais désormais une fixation sur la sécurité dans les taxis : disons que je fais désormais plus attention de là où je mets les pieds.

TAXI

En effet en Mauritanie toutes les âmes sensibles ont été bouleversées par le viol et le meurtre collectif de cette jeune mère de 20ans, mariée & et mère d’1 garçons qui a malheureusement atterri ironie du destin sans doute dans un taxi dont les conducteurs cherchaient une autre proie ce soir là. Un soir que je ne vais jamais oublié tant l’acte perpétré est ignoble et impardonnable.

Elle s’appelait Penda, elle avait 20 ans, mariée et mère d’un enfant de près de 3 ans. Elle a été violée puis tuée alors qu’elle retournait chez au 6e. Cette jeune femme a pris pourtant un taxi devant sa grande sœur, elle ne rejoindra pas sa destination dans la nuit du 28 au vendredi 29 mars. Malheureusement, c’était dans la soirée où le célèbre humoriste Mamane donnait un spectacle inédit à Nouakchott intitulé « Bienvenue au Gondwana » à l’IFM où je m’étais rendu d’ailleurs. C’est plus tard que la nouvelle de la disparition fut annoncée avant que son corps ne soit retrouvé le lendemain après d’instance recherche. Une nouvelle qui déchaine toutes les sensibilités.

penda soghé

Une violence sans égale, un drame inqualifiable, la jeune Penda a été : « retrouvée assassinée, violée, les yeux arrachés, le coup cassé, un couteau enfoncée dans la tête jusqu’à sortir par la nuque » un fait inqualifiable qui heurte la sensibilité humaine.

Pour dénoncer ce crime odieux, et la violence sous toute ses formes en Mauritanie, un sit in a été prévu pour le 3 avril devant l’Assemblée nationale afin de « demander à la justice de condamner ces criminels à perpétuité. La démarche vise à « demander Justice et surtout demander aux députés de prendre leur responsabilité, celle de défendre le peuple et les citoyens qui les ont élus. Mais également un appel pour que ces criminels soient jugés sévèrement. Nous demanderons également au Président de la République de prendre sa responsabilité, celle d’un gardien du peuple et sa constitution » précise le communiqué annonçant cette marche de dénonciation pacifique en hommage à Penda Soghé. Ce sit in jugé « pacifique et responsable » avait pour slogan « Non à la violence ».

Témoignages contre l’insécurité

Pour dénoncer l’insécurité croissante à Nouakchott, comme prévu ce 3 avril, des milliers de mauritaniens se sont rendus devant l’assemblée nationale pour dénoncer le crime abominable dont a été la défunte Penda Soghé, 20 ans dans la nuit du 28 mars dernier.  Pour ce sit in  pacifique qui avait pour slogan « Non à la violence », les mots d’ordre étaient : la justice équitable, la sécurité pour tous, la sécurisation des transports publics, la fin de l’impunité et la pendaison des  auteurs de ce viol et crime.

penda soghé2

Un sit in dont ont pris part les membres de la famille de la victime émus, mais déterminés à réclamer justice afin que les citoyens puissent circuler en toute sécurité dans leurs pays qui devient « une ville fantôme à cause de la recrudescence de la violence sous toutes ces formes »dénonce dans la foulée la militante Aminetou Mint El Moktar, présidente de l’AFCF(Association Chef de Famille). Cette dernière se disant révoltée par de tels agissements recommande à l’Etat « d’agir afin de mettre en place une meilleure sécuritaire et de procéder au contrôle des transports publics ».

A quelques minutes du départ convoi, vers le Ministère de l’intérieur Me Fatimata Mbaye de l’AMHD nous a confié « être sous le choc à cause de ce crime barbare qu’aune société ne peut accepter » d’où la nécessité selon elle de protéger les groupes vulnérables notamment les femmes et les enfants. Ce drame doit dit-elle inciter tous les mauritaniens à se « mobiliser » afin de demander une fois de plus à l’Etat d’adopter la loi sanctionnant toutes les violences afin de ne pas « cautionner ces faits ». D’où « ce signal d’alarme » pour que soient prises des mesures administratives pour la sécurisation des transports, l’organisation, l’identification  et la numérotation du parc automobile mauritanien. Telles sont les pistes qui peuvent permettre selon Me Mbaye de mettre fin à « ces actes de terrorisme et de vandalisme ».

Parmi les manifestants, on remarquait aussi Dr Mbareken , Vice président de l’Ordre National des Médecins et Pharmaciens  qui est venu dire « non à la délinquance, non à l’insécurité absolue » expliquant avoir chaque jour l’écho de cas d’agression.

Zeinabou Mint Taleb Moussa, présidente de l’AMSME (L’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant) une des organisations initiatrice de la marche contre la violence faite aux femmes en 2012, très émue se dit favorable pour la 1er fois à « l’application de la peine de mort sur ces assassins » estimant que les femmes ne sont plus en sécurité dans notre pays malgré les multiples appels contre les violences sous toutes ces formes.

La longue attente des parents de la victime

Plus de sept mois après les faits, j’éprouve toujours un sentiment de peur et de révolte quand je prends un taxi surtout la nuit. Chaque fois que cela m’arrive, je prie pour Penda partie dans la fleur de l’âge pour le voyage non retour. Des mois que, les parents de la victime sont l’attente d’un procès exemplaire même si la procédure parait « lente ». La demande de liberté provisoire des meurtriés a été rejetée. Une nouvelle accueillie favorablement par la famille de la défunte qui réclame des sanctions exemplaires afin d’éviter que la RIM ne devienne un jour l’Inde en matière d’insécurité contre les femmes.

 

Awa Seydou Tra

 

Étiquettes
Partagez

Commentaires